Les bons mélanges de Chinese man et une reprise de « Kung fu fighting »…

Là aussi, on vous invite à rembobiner pour ne pas perdre le fil. On va dire qu’on a laissé le temps d’infuser : le 26 mai, on a eu un petit avant-goût d’été au Théâtre de Verdure. L’été, c’est la fête, la musique, bien sûr, les bons moments entre potes et parfois… les embrouilles. L’anecdote vaut ce qu’elle vaut, mais elle a le mérite de soulever une question fondamentale : mais pourquoi les vigiles sont-ils aussi méchants (remplacez par bas du front si vous l’êtes, méchant) ?

Ca se passe donc à l’entrée. Une grosse vague de raidards a dû passer, des gueules pas très catholiques pour nos amis représentant l’ordre. Alors, guilleret, on s’amène avec notre billet en main. Et on commet une grave erreur : prendre le cerbère bas du front pour un mec normal. On lui dit donc « bonsoir ». On est con aussi, des fois. Tout affairé à sa mission (fouiller mon sac pour vérifier si je n’ai pas l’intention de transformer Chinese man en canard laqué…), notre nouvel ami ne moufte pas. On se dit que son cerveau est en surchauffe ou que ses oreilles souffrent avec tout ce bazar. On retente : « bonsoir ». Le garant de l’Ordre nous toise, mi-Rantanplan, mi-pitbull. Il nous fait méchamment comprendre qu’il n’a pas l’intention de répondre. « C’est pas grave, c’est pas obligatoire… » lâche-t-on, tellement triste de ne pas avoir pu entrer en communication avec cet être sensible et raffiné.
Pas grave, on ne devait pas le mériter. On tend notre billet au suivant, ne commettant pas de nouvelle erreur. Pas de « bonsoir » impétueux ou de signe qui pourrait penser que l’on prend le déchireur de ticket pour un de nos semblables. Le précédent nous rattrape (en nous mettant un taquet dans l’épaule, en fait) et nous cloue le bec: « Eh, t’as vu. Là, c’est obligatoire ! Petit XXXX (non, vos chastes oreilles n’entendront pas ces noms d’oiseaux). Le molosse est chaud bouillant, dans son élément. Il veut se friter (« bah à quoi ça sert qu’on ait des muscles si on peut pas s’en servir, puis-je lire dans ses pensées). Son pote le ceinture, ils aiment bien se frotter quand même… J’aurais bien aimé voir sa réaction si j’avais eu le temps de lui glisser que j’étais journaliste (donc présumé gauchiste, donc fouille-merde, donc ennemi) Fin de l’épisode, soirée un peu niquée, pour rien. Quand on est de mauvais poil, on est rarement objectif et mesuré. Et je n’ai pas l’intention de l’être là, tout de suite.

Dans ces conditions, le concert  passe un peu au-dessus de la tête. Et c’est dommage parce que les Marseillais assurent pas mal. Pas de la gnognote Made in Taïwan, mais de l’art du sample. Dans un genre qui peut parfois occasionner son lot de bouillie indigeste, Chinese man envoie la sauce (si on était encore plus lourd, on vous dirait que c’est un show à ne pas prendre avec des baguettes, uh uh). Plutôt inclassables, les DJs réussissent quand même une jolie prouesse : faire guincher tout ce qui a deux jambes et deux bras. Des punks à chien (raaah, du calme le vigile), des gadjos top street credibility et tous les autres. Ceux qui se disent qu’ils ont déjà entendu ce morceau dans une pub et qui trouvent ça cooooool. Cowboys solitaires sur leur dernier album, les Chinese men ont dégainé juste. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

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